Lettre au patron de mon papa

Cher nouveau patron de mon papa, je ne sais pas si vous le savez, mais mon papa vous aime beaucoup. Je le sais, car il fait la même chose que moi avec lui.

Le matin, papa est toujours pressé de partir pour vous rejoindre. Il est parfois maladroit avec avec son café, sa valise ou avec moi. 
Moi aussi le matin, je me dépêche beaucoup pour faire plaisir à papa. Tellement que mes lacets et le zipper de mon manteau ne veulent jamais s’attacher du premier coup !

Le soir, quand il s’est fait chicané, il a moins de patience, comme moi avec mes jouets quand mes parents m’ont dit d'être un meilleur grand frère.

Quand je sais que je devrais être en train de faire mon ménage pour faire plaisir à papa, et que je joue à la place, je n’ai pas de sourire. C’est comme papa quand il regarde les bonhommes à la télé avec nous, tout en regardant son ordinateur qu’il ira rejoindre quand nous allons être couchés.

Des fois, je l’entends pleurer dans sa chambre le soir, comme moi lorsque je suis triste d’avoir déçu mes parents dans la journée.

Maman dit qu’il est juste fatigué, mais moi je sais qu’il est fatigué car il veut bien faire les choses pour que vous l’aimiez autant que lui vous aime.

J’ai un truc pour vous.

Moi ce qui me fait du bien, c’est lorsque papa vient me parler dans ma chambre, juste tous les deux, sans les autres, sans compter le temps.

Souvent au début, je lui dis que tout va bien, car je ne veux pas lui faire perdre son temps, ou encore moins lui faire penser aux choses que je n’ai pas fait comme il faut aujourd’hui ! Mais il me sourit et reste là, avec moi sans regarder son téléphone, sans regarder sa montre, sans aller s’occuper de mes sœurs, et on parle.

Des fois on rit, des fois on joue, des fois on parle comme des grands, et des fois, je finis par pleurer, parce que j’ai confiance qu’il veut m’écouter, qu’il m’aime toujours, et que je suis important pour lui.

Après ces moments tous les deux, je me sens toujours mieux. Je sais que papa m’aime par-dessus tout, même si parfois il est trop occupé et préoccupé pour que je le vois.
 
Et le plus beau, c’est que le lendemain matin, je suis toujours capable d’attacher mon manteau et mes souliers du premier coup ! C’est comme magique !